vendredi 13 janvier 2012

La ville d'El Jebha

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Glitter Words
Journée de repos dans la petite ville d'EL Jebha sur la côte méditerranéenne.

Ce sixième jour de mon voyage à vélo dans le Nord du Maroc a été une journée de repos, alors j’ai voulu me reposer un peu et se réveiller un peu tard, mais malheureusement mon « réveil » biologique était déjà programmé pour 6h comme les autres étapes.

Les autres personnes qui étaient avec moi dans la chambre- elles étaient quatre- étaient déjà réveillées; deux d'entre elles étaient en train de faire leurs prières du matin, les deux autres étaient déjà descendues dans le café qui se trouvait au rez-de-chaussée de l'hôtel pour prendre le petit-déjeuner. Moi aussi, après avoir fait mes ablutions et mes prières, je suis descendu dans le café et j'ai demandé un verre de thé, car c'est la tradition ici il n'y a pas de la théière « Brad » et j'ai demandé aussi une omelette avec de l'huile d'olive et du pain bien sûr.

Après le petit-déjeuner je suis monté dans ma chambre, j’ai lavé quelques vêtements et j’ai nettoyé ma BMW avec un chiffon.

Vers 10h je suis allé à la plage, il y avait eu peu de monde, ce n'était pas le cas comme les autres plages de grandes villes du Maroc.  A la même heure (10h du matin) de ce mois d'aout dans ces grandes villes, il y aurait eu beaucoup de monde; pas la moindre place pour mettre une serviette ou bien un parasol. Ici toute la plage était à toi, tu aurais  pu t'asseoir tranquillement là où tu voulais. Il n'y avait ici ni « joueurs » de foot ni « joueurs » de raquettes qui pouvaient te déranger. Dans l'eau tu pouvais nager tranquillement, les yeux fermés si tu voulais, sans heurter quelqu'un. J'ai bien nagé en faisant un peu de brasse et du papillon pour s'amuser, pas plus, car je ne suis pas un très bon nageur.

Vers midi je suis allé dans le Souk pour prendre mon déjeuner, la plupart des restaurants proposaient des sardines grillées, alors j’ai décidé de prendre une grille de six sardines « chouaya » avec de la salade. Les sardines de la Méditerranée sont très délicieuses, je pense qu'elles ont un goût très différent  que leurs sœurs  de l’Atlantique.

Après le déjeuner je suis monté dans la chambre, j'étais tout seul, les autres occupants n'étaient pas rentrés, alors j'ai fait un peu de sieste tranquillement, pas le moindre bruit.

Vers 15 h, je suis sorti de l’hôtel et je suis allé près du port pour regarder les embarcations qui rentraient. Un pêcheur qui était en train d’arranger avec un jeune garçon son Floqua (une petite embarcation traditionnelle avec des rames) m’a vu sur le quai et il a su d’après mon apparence et mon appareille à la main que j’étais un « touriste » il m’a dit « est-ce que tu veux aller à l’autre plage qui se trouve derrière cette roche ?» j’ai dit oui sans la moindre hésitation et sans savoir quelle existait une plage derrière cette très grande roche qui domine tout le port. Dans l'embarcation le pêcheur m'a dit « on va t'emmener seulement à la plage, car nous, on va loin et pour le retour tu vas monter cette roche et descendre à la ville » je lui ai dit « ce n'est pas loin ? » il a répondu « pas plus de 200m ».

Après 10 min dans cette embarcation de fortune qu'utilisaient parfois les immigrants clandestins pour traverser la Méditerranée, je suis arrivé à la plage. Quelle plage ! Je suis resté bouche bée : une petite plage fantastique de 200m de longueur, entouré de roches ou bien de la montagne, je ne sais pas, avec de l'eau très limpide et très propre, quelques baigneurs seulement ; pas plus de dix personnes. Un vrai petit paradis, il manquait seulement les cocotiers et je me croyais à Hawaï. Personnellement ce genre de plage (voir la troisième photo en dessous.) je ne le voyais qu'au cinéma ou bien dans les films documentaires de Jacques-Yves Cousteau.

Comme la matinée j’ai bien nagé, car la mer était très calme, une vraie piscine, pas la moindre vague; vraiment je n’avais pas eu l’envie de sortir de l’eau ni de quitter ce magnifique lieu, mais que faire? il fallait que je rentre.

Après une heure, j’ai monté la grande roche pour rentrer à la ville. Au sommet de cette roche il y avait un marabout, je n’ai pas pu connaître son nom, car il n’y avait personne auprès de qui je pouvais me renseigner.

Dans le Souk, j’ai mangé un peu puis j’ai fait un tour dans les rues de la ville. En passant près d’un terrain de foot, il y avait beaucoup de spectateurs au tour du stade, alors je me suis arrêté pour regarder moi aussi ce match entre deux équipes locales, un match qui a été très disputé et très engagé surtout sur le plan physique.
  
Après la prière du Maghreb, je suis allé à l'hôtel et dans « notre » chambre j'ai retrouvé mes compagnons, ils étaient tous là ; les mêmes personnes que la veille. En me regardant rentrer, ils m'ont tous posé des questions sur ma journée à El Jebha, je leur ai parlé surtout de l'après-midi et de cette superbe plage qui se trouvait derrière la grande roche et qui va rester gravée dans ma mémoire.

Passer deux nuits avec des personnes que je ne connais pas dans la même chambre, a été pour moi une nouvelle expérience, au début j'avais peur surtout du vol, c'est pour cette raison chaque fois que je sortais, j'emportais avec moi toutes mes affaires précieuses: portefeuille, carte-guichet, appareille photographique... Je ne laissais dans ma sacoche de vélo que les vêtements. Au fond je n'avais pas peur des personnes avec qui j'ai partagé cette chambre, mais le problème c'est que la porte de cette chambre était toujours ouverte et n'importe qui pouvait rentrer et sortir sans que personne ne le suspecte.

Partager la chambre avec des gens que tu ne connais pas a des inconvénients, ça c'est sûr. Par exemple tu perds ton intimité, tu ne peux pas te déshabiller devant eux ou bien dormir avec un slip.... La nuit, il y avait quelqu'un qui ronronne comme un moteur de camion, mais en général mes compagnons étaient très gentils, on partageait tout; par exemple si quelqu'un avait de la nourriture, il la partageait avec nous ou bien un autre il descendait au café et demandait des verres de thé pour nous tous. Ils étaient aussi très respectueux; ils ne fumaient pas dans la chambre et si quelqu'un avait envie de fumer, il allait près de la fenêtre ou bien il descendait au café (ils étaient tous des fumeurs de « Sebsi » kif).

Cette chambre commune avait des avantages aussi, je ne me suis pas senti seul comme les autres fois où j'étais tout seul dans ma chambre, j'ai aussi beaucoup appris de mes compagnons qui étaient tous des pères de famille, âgés de 40 à 50 ans. Nous avons beaucoup parlé des choses très différentes: sport, politique, commerce ..., mais le sujet principal a été toujours le KIF (cannabis). Toutes les questions que j'avais eues en tête sur la route pendant la cinquième étape entre Bou Hamed et El Jebha, je les avais posées cette fois pour mes compagnons, ils ont répondu avec sincérité et ils étaient tous d'accord sur la question de la plantation du Kif dans cette région et  ils ont dit « le kif n'apporte que du mal pour cette région ». Et à ma question; qui profite du kif ? Ils ont répondu tous « ce n'est pas nous » et l'un d'eux m'a dit « les plus grands profiteurs du Kif sont les grands Barons de la drogue qui se trouvent dans les grandes villes du Maroc ou bien de l'autre côté de la Méditerranée, dans les capitales européennes. Notre Kif se vend à Amsterdam, Madrid, Paris, Rome... à des prix incroyables. Et un autre a dit « on a le kif c'est vrai, mais pas l'argent du kif » et il a continué « le Fellah (l'agriculteur) d'ici, pour lui cette culture ce n'est qu'un gagne-pain pas plus et le pauvre n'a pas le choix. Il travaille jour et nuit seulement pour nourrir ses gosses, pas pour acheter une Cadillac. Et un autre a ajouté « les enfants de ce bled, ils ne sont ni avocats ni médecins ni enseignants, ils sont ou bien des trafiquants ou bien contrebandiers ou bien ils quittent le pays pour aller en Europe». Ils m'ont aussi parlé des malheurs causés par cette plante surtout parmi les jeunes de la région qui la fumaient mélangés à d'autres drogues (ils parlent du Haschich que les trafiquants le mélange avec d'autres produits) et beaucoup de ces jeunes ont perdu la « raison ».

Vers 21, deux touristes français sont venus, un jeune homme et sa compagne. Le propriétaire de l'hôtel les a emmenés directement dans la chambre des femmes, car durant les deux nuits que j'ai passées dans cet hôtel, cette chambre était restée toujours vide.

Après la dernière prière du soir, j'avais envie de se coucher le plus tôt possible, car le lendemain j'aurais eu une étape très dure entre El Jebha et Ketama cette fois dans les vraies montagnes du Rif avec un col de plus de 1600m et sur le parcours de cette étape, j'avais questionné une deuxième fois mes compagnons, ils m'ont tous dit que le lendemain j'aurais eu de la peine avec une route 100 % montante. L'un d'eux m'a même proposé  d'annuler cette étape et de prendre un taxi jusqu'à Ketama, je lui ai répondu « je vais essayer quand même et si sur la route je me sens incapable de continuer, je m'arrêterai ». Pour moi, la montagne ne me fait jamais peur, j'ai monté plusieurs cols au Maroc et chaque fois que j'ai devant moi un sommet, je le montais doucement à mon rythme et avec le petit braquet et en chantant aussi et entre 3 et 5 km je m'arrêtais pour respirer ou bien pour prendre une photo. Ce qui me fait peur sur la route c'est le vent d'en face, celui-là, je ne l'aime pas du tout, pour moi c'est mon ennemi numéro 1, pas la montagne.

Sur cette dernière question, j'ai dit à mes compagnons "bonne nuit" et eux aussi ils m'ont souhaité bonne chance pour le reste de mon voyage.

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La mâtiné, je l'ai passée à la plage d'El Jebha, j'ai bien nagé pour détendre mes muscles après cinq jours de route et plus de 500 Km de pédalage.
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L'après-midi je me suis embarqué dans une "Floka" avec des pêcheurs locaux pour aller à une plage qui se trouve derrière la grande Roche à 200 m de la ville.
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La plage qui se trouve derrière la Roche. Cette photo je l'ai téléchargé du Web seulement pour montrer cette belle plage qui se trouve à quelques mètres seulement  de la ville d'El Jebha cachée par une grande Roche.
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Cette photo je l'ai acheté dans un studio. Pour prendre cette photo, il faut se réveiller de bonne heure au moment où le soleil  se trouve à l'Est et aller sur la grande Roche près du port.
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