Mon programme pour cette étape était d’aller de la ville de Goulimine à la ville de Tan-Tan. Malheureusement, à mi-chemin entre ces deux villes, j'ai été dans l’obligation de lever les pieds sur les pédales, à cause d’une pluie torrentielle qui s’est abattue sur la partie sud de la côte atlantique marocaine durant trois jours et qui a causé plusieurs inondations dans d’autres régions du Maroc comme Agadir et Marrakech.
En me réveillant le matin, j’ai ouvert la fenêtre de la chambre pour voir si Sa Majesté le Vent était toujours là. Malheureusement oui, il y était plus fort que la veille, et cette fois il a emmené avec lui des nuages; pas des nuages de poussière comme à l’étape précédente, mais des nuages noirs synonyme de pluie, car au Maroc ce vent de sud-ouest on le nomme « rih chta » traduction « le vent de la pluie ».
Alors, j’ai fermé la fenêtre en pensant à que ce que je devais faire dans ces conditions qui sont défavorables pour faire un voyage à vélo. Après une longue réflexion, j’ai décidé de prendre la route et s’il commençait à pleuvoir sur la route, j’abandonnerais.
Après avoir pris mon petit-déjeuner dans un café et après avoir acheté des provisions: de l’eau minérale, des biscuits et un paquet de chocolat, car je savais d’avance que sur cette route qui se trouve dans une région désertique, je n’aurais rien trouvé à manger. Pas de café ni d’épicerie au bord de la route. Ici, c’est le Sahara.
J’ai pris la route sous un ciel noir et avec un vent de face très fort. Un vent qui rugissait comment un lion en pleine savane, car dans cette région où il n’y avait ni arbres, ni monticules que du plat et du sable, monsieur le Vent a trouvé un terrain idéal pour exhiber sa force.
Après 20 km seulement de ma sortie de la ville de Goulimine, il a commencé à pleuvoir. Au début à petites gouttes et après quelques minutes, l’intensité de la pluie a commencé à augmenter, alors j’ai mis mon imperméable et j’ai caché mon portable et mon appareille photographique dans un sac de plastique puis je les ai mis dans un poche de mon imperméable, et pour mon portefeuille, une carte et un livre de routes du Maroc je les ai mis dans un autre sac de plastique et je les ai cachés sous les vêtements. Ça, c’est pour les éléments essentiels que je devais protéger de la pluie; pour le reste, j’ai attaché un sac de plastique noir « mika kahla » au-dessus du sac à vélo. Et j’ai pris la route sous une douche.
Rouler sous la pluie ce n’est pas grave si vous avez un imperméable, mais rouler sous la pluie et avoir aussi un vent de face très fort, ça, c’est impossible ! Alors, il a fallu que je m’arrête.
Dans une station-service qui se trouve à mi-chemin entre Goulimine et Tan-Tan, j’ai décidé de lever les pieds des pédales et d’attendre un transport.
Après une dizaine de minutes un taxi s’est arrêté pour prendre du carburant. Alors, j’ai demandé au chauffeur « Est-ce qu’il y a une place pour Tan-Tan ». Il m'a bien regardé avant de me dire « Tu dois payer pour ton vélo ». Je lui ai dit d’accord et il m’a dit « 20 dh pour toi et 10 dh pour le vélo ». J’ai dit oui, sans négocier le prix, car avant l’arrivée de ce taxi j'avais demandé au monsieur qui travaillait dans la station-service « Est-ce que je peux trouver un transport d’ici pour Tan-Tan ? ». Il m’a dit « Oui, mais le problème c’est ton vélo, car tous les véhicules qui vont vers le sud sont bien remplis de marchandises ou bien de bagages de voyageurs.
A Tan-Tan, j’ai trouvé plusieurs hôtels (sans étoiles bien sûr) près de la station routière et à prix raisonnable: entre 25 et 50 dh. Alors, j’ai choisi un très joli qui se trouve sur le plus grand boulevard de la ville au prix de 40 dh.
Dans la chambre j’ai vidé mon sac à vélo sur le sol; tous mes vêtements étaient bien trempés, alors je les ai étalés sur une table près de la fenêtre, car il pleuvait encore dehors et pour les éléments que j’ai cachés dans les sacs de plastique: appareille, portable, portefeuille et le livre de routes, ils ont été sauvés.
Vers la fin de l’après-midi, car j’ai dû attendre que mes vêtements aient séché complètement, je suis sorti pour faire une visite dans la ville.
Tan-Tan est une nouvelle ville construite dans le Sahara Marocain à 25 km de la côte atlantique. La majorité de ses habitants sont de l’intérieur du Maroc, ils sont venus ici pour travailler dans le commerce ou bien dans la pêche.
Après avoir fait le va-et-vient dans les rues de la ville, j’ai voulu m’asseoir dans un café mais tous les cafés étaient pleins de monde; même les passants s’arrêtaient pour regarder la télévision, car la veille, le 8 avril 2003, l’armée Américain était entrée à Bagdad, moi aussi je me suis arrêté pour regarder un peu. C’était un moment triste pour tout le monde. Les gens qui étaient en train de regarder les infos sur la chaine Quatriote El Jazerra, étaient très en colère envers les Américains, il y avait même des personnes qui criaient et insultaient ces envahisseurs. Pour moi j’étais triste, pas pour Saddam et son régime qui était une dictature, mais pour l’Irak et pour Bagdad, car ce pays est le berceau de plusieurs civilisations et Bagdad n’est pas n’importe quelle ville. Le commentateur de la chaine Quatriote parlait de la chute de Bagdad mais, en réalité, ce n'était pas une « chute » mais, une destruction totale d’une grande partie de l’histoire de l’humanité. Et si on veut enlever un dictateur de sa chaise, il ne faut pas détruire tout le pays. Et comme a dit récemment un politicien français de gauche: "Il ne suffit pas de faire chuter un dictateur pour assurer une paix durable" et c’est vrai, depuis la chute de Saddam Hussein, l’Irak n’a pas connu de paix.
Le soir dans l’hôtel, j’ai rencontré un voyageur à vélo d’origine française. J’ai parlé un peu avec lui et il m’a dit qu’il venait du sud du Maroc et qu’il avait l’intention d’aller à Agadir alors, je lui ai dit « Tu as de la chance mon ami le vent est avec toi.». Il m’a répondu « Oui, malgré la pluie aujourd’hui, j’avais un vent très fort dans mon dos et c'était superbe ».
Oui, c’est superbe d’avoir le vent comme allié. Pour moi durant les deux dernières étapes, il était mon ennemi et c’est ça la chance sur la route; parfois le vent est avec toi et parfois il est contre toi et comme dit le proverbe :
"Ce n’est pas toujours dimanche ".
Alors, j’ai décidé de mettre fin à mon voyage dans cette ville et de ne pas continuer jusqu’à la ville de Laâyoune, car le service de la météo sur la chaîne nationale RTM a annoncé trois jour de pluie sur la côte marocaine accompagnée de vent de sud-ouest très fort et de plus mes vacances de huit jours se seraient terminées dans trois jours.
************************************
Bye bye Laâyoune et à la prochaine fois si Dieu le veut. J'ai voulu voir cette ville à vélo mais malheureusement, je n'ai pas eu de chance avec la météo.
***************************************************
Cette sortie n'était pas ratée mais inachevée. Car j’avais pu faire cinq étapes au lieu de sept programmées et l’étape clé dans ce voyage n’était pas la ville de Laâyoune mais la ville de Tafraoute. Cette ville de l’Anti-Atlas est extraordinaire avec des environs fabuleux, elle mérite le voyage à elle toute seule et comme j’ai dit avant, cette région est idéale pour les randonnées à vélo ou bien à pied.
Chaque fois que j'ai reçu un message d’un amateur des voyages à vélo qui me demandait un itinéraire superbe pour visiter le Maroc, je lui ai conseillé un parcours qui incluait cette ville. Le début de ce parcours est de la ville d’Essaouira jusqu’à la plage de Taghazoute sur la nationale N°1 puis de cette plage aux cascades d'Imouzzer Ida Outanane dans l’Haute-Atlas et de ces cascades à la ville d’Agadir et d’Agadir à la capitale de des Chleuhs: Tafraoute dans l’Anti-Atlas et de Tafraoute à l’oasis d'Ifrane de l’Anti-Atlas et de cette oasis à Bab Sahara: Goulimine et de Goulimine à la ville de Tan-Tan et de cette dernière ville à Akhefnir: la capitale de la pêche traditionnelle sur la côte Atlantique Marocaine.
Un parcours très court de 8 étapes seulement mais, dans ce parcours un voyageur à vélo peut faire de la côte, de la montagne et du désert. Je ne pense pas que dans un autre pays du monde, il existe un parcours de pas plus de 600 km aussi diversifié sur tous les plans: paysage, population, culture et couleur aussi. Un parcours de trois couleurs distinctes: bleu, vert et ocre.
**************************************
Voici une vidéo de la célèbre chanson « Laâyoune aynia » du groupe mythique Jil Jilala que tous les marocains connaissent ces refrains par cœur.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire